À l’occasion de la Fête nationale, le Président de la République s’est exprimé dans un entretien télévisé sur la fin de son mandat. Depuis la Salle des Fêtes de l’Élysée, il a donné un cap au nouveau Gouvernement, après avoir défendu son bilan. On retiendra plusieurs annonces concernant l’économie, l’emploi, la crise sanitaire ou encore l’écologie.
Nouveau Gouvernement, nouveau cap
Face à Léa Salamé et Gilles Bouleau, Emmanuel Macron a commencé par revenir sur ses trois années de bilan. « J’ai laissé paraître quelque chose que je ne crois pas être », a-t-il regretté, évoquant une situation sociale qui s’est « détériorée » au cours de son mandat. Le Président de la République veut toutefois poursuivre les réformes qu’il a entamées, à commencer par celle du régime universel de retraite, et réparer un ascenseur social en panne. Une posture déjà critiquée, notamment par Boris Vallaud (PS) pour qui « une fois de plus, Emmanuel Macron est commentateur de lui-même. Ni vraies annonces, ni nouveau chemin et toujours le même chef d’équipe… Essentiellement satisfait de son action mal-comprise ».
« Nous avons en notre sein ce que j’ai parfois appelé ses ‘passions tristes’, c’est-à-dire des forces de division qui parfois nous conduisent à ne plus avancer parce qu’on ne pense que ces divisions-là », a par ailleurs constaté le Chef de l’État. Aussi souhaite-il que son nouveau Gouvernement puisse agir dans des conditions plus sereines que celui d’Édouard Philippe. Il a d’ailleurs justifié son départ par un changement de « chemin », de « méthode » et l’arrivée d’un « nouveau temps du quinquennat ». Emmanuel Macron a salué à cette occasion « le courage, la loyauté et la détermination » du Maire du Havre, avant de louer la « culture du dialogue social » de Jean Castex.
De plus, il a répondu à la première polémique qui mine la nouvelle équipe : l’Affaire Darmanin. Le nouveau Ministre de l’Intérieur est en effet visé par une plainte pour viol, concernant des faits remontants à 2009. Défendant son Ministre, le Président a indiqué :« Je suis aussi, de là où je me place, le garant de cette présomption d’innocence », rejetant les tribunaux populaires qui demandent sa démission. « Aucune cause n’est défendue justement si on le fait en bafouant les principes fondamentaux de notre démocratie », a déclaré Emmanuel Macron en détaillant sa position. Cette polémique ne remet pas en question son ambition de lutter contre les violences faites aux femmes.
La situation sanitaire incertaine
Même si l’épidémie de coronavirus a été une première fois endiguée, « nous avons des signes que ça repart un peu, nous devons prévenir et nous préparer », a prévenu le Chef de l’État devant les deux journalistes venus l’interroger. Il a rappelé l’importance de la circulation du virus et par conséquent du respect des gestes barrières. Évoquant une éventuelle seconde vague, Emmanuel Macron a assuré que la France serait prête à y faire face : « maintenant, on sait ce qu’on consomme en masques, respirateurs, curares et médicaments », a-t-il détaillé, avant d’ajouter que « les stocks et les approvisionnements » de matériel étaient « sécurisés ».
À l’image du Premier ministre, le locataire de l’Élysée n’envisage pas un reconfinement total, qui exacerberait à nouveau les inégalités sociales. Il privilégie une « approche différenciée », à l’échelle locale, l’évolution de l’épidémie étant très différente selon les territoires. « La clé, c’est d’être en vigilance partout dans le pays », a-t-il conclu. Toutefois, dès le 1er août, c’est une nouvelle mesure nationale qui entrera en vigueur et qu’a annoncée le Chef de l’État. Dès cette date, le port du masque dans les lieux clos, déjà « recommandé », deviendra obligatoire. Cette mesure avait été réclamé par des médecins dans une récente tribune.
« Une augmentation du chômage massive »
« Tous les instituts qui font référence écrivent qu’il y aura entre 800.000 et un million de chômeurs de plus à l’horizon du printemps 2021 », a indiqué Emmanuel Macron, qui doit désormais faire face à une violente crise économique. En plus des 460 milliards d’euros déjà investis pour sauver l’économie, il a annoncé un plan de relance à « au moins 100 milliards d’euros » ; une relance « industrielle, écologique, locale, culturelle et éducative », dont l’ambition est de « bâtir un pays différent d’ici à dix ans ».
Concrètement, il s’agit de mettre en place un « dispositif inédit d’activité partielle de longue durée », pour compléter certaines rémunérations et développer la formation vers des « secteurs d’activité où il y a des opportunités ». Emmanuel Macron a par ailleurs soutenu la politique de « modération salariale » prôné par certaines entreprises. Il préfère une baisse momentanée des salaires à des licenciements secs. Pour rassurer les syndicats, il a ajouté que de telles mesures ne pouvaient que s’accompagner d’un « dispositif d’intéressement, de participation et d’une modération des dividendes ». Enfin, il a affirmé ne pas avoir l’intention d’augmenter les impôts pour financer la relance et répondre à la crise.
Au sujet des jeunes, le Président a annoncé la création de 300 000 contrats d’insertion, qui doit permettre aux nouveaux diplômés d’entrer plus facilement sur le marché du travail. « Ensuite, nous allons avoir un dispositif exceptionnel d’exonération des charges pour les jeunes, en particulier pour les faibles qualifications ou les emplois jusqu’à 1,6 SMIC », a poursuivit le Chef de l’État, en insistant sur la nécessité de lutter contre le chômage des moins de 25 ans.
Un référendum sur l’écologie ?
Pour respecter la demande de la Convention citoyenne pour le Climat, Emmanuel Macron souhaite faire inscrire « le plus tôt possible » dans la Constitution « l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et le respect de la biodiversité ». Pour ce faire, il s’est dit favorable à l’organisation d’un référendum ; ce serait une première depuis 2005. Toutefois, « il faut d’abord qu’il y ait un vote par l’Assemblée puis le Sénat dans des termes conformes », a-t-il rappelé, sans pouvoir davantage détailler le calendrier, ce qu’a fustigé Yannick Jadot, député européen EELV.
En outre, le Chef de l’État veut « redévelopper massivement » le fret ferroviaire, les trains de nuit et les petites lignes. L’idée est de « faire des économies » tout en « réduisant nos émissions » polluantes. Le trafic aérien sera par conséquent diminué sur les lignes intérieures.
La généralisation des caméras-piétons
Place Beauvau, d’autres changements se profilent. Concernant la gestion de l’ordre public, le Président de la République a dit vouloir « tout reprendre ». Pour lutter contre les contrôles au faciès, dénoncés notamment par le Défenseur des droits, il compte« généraliser d’ici la fin du quinquennat » le port des caméras-piétons par les forces de l’ordre. Un tel dispositif permettrait « de retracer la vérité des faits », alors que les soupçons sont nombreux.