Le traditionnel défilé militaire organisé pour la Fête nationale est cette année bouleversé par la crise sanitaire liée au coronavirus. Les autorités innovent pour faire respecter les mesures barrières dans cet événement spectaculaire. Auparavant, à causes d’autres crises ou par la volonté des Chefs d’État, le 14 Juillet s’est déjà, à de multiples occasions, réinventé.
De la fête populaire au défilé militaire
C’est en 1880 que le 14 juillet devient l’un des symboles fondateurs de la IIIème République, qui commence tout juste à s’affirmer. Le Président Jules Grévy choisit de fêter l’évènement par une parade militaire à l’hippodrome de Longchamp. 10 ans après la défaite de Napoléon III à Sedan, il veut affirmer la solidité des Armées, et mobiliser l’opinion derrière un État fort, dont la stratégie militaire consiste en la récupération rapide de l’Alsace et de la Lorraine.
Il faudra attendre 1915, en plein cœur de la 1ère Guerre Mondiale, pour que le défilé s’installe aux Champs-Élysées. Quatre années plus tard, Joffre, Foch et Pétain franchissent l’Arc de Triomphe, pour fêter la Victoire contre l’Allemagne, et la fin de la Grande Guerre. Depuis, la plus belle avenue de monde est le cadre privilégié par l’exécutif pour organiser revues des troupes ou défilés.
Une arrivée tardive des femmes
Bien ancré dans la tradition républicaine, le défilé n’a longtemps mis que les hommes à l’honneur. Ce n’est qu’en 1971 que George Pompidou fait parader des femmes pour la première fois devant la tribune officielle. Une petite révolution dans le monde militaire.
En 1973, la prestigieuse École Polytechnique choisit Anne Chopinet pour porter son drapeau sur les Champs-Élysées. Elle est l’une des 7 femmes présentes dans l’institution. La féminisation des Armées s’inscrit alors dans son processus de modernisation voulu par le Chef de l’État.
Un 14 Juillet à la Bastille
Succédant à Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing ouvre l’ère de la communication et multiplie les ruptures avec les codes républicains établis. Peu après son arrivée à l’Élysée, en 1974, il déplace l’événement Place de la Bastille. Le lieu paraît alors plus cohérent au jeune Président pour commémorer prise de la Bastille de 1789.
Provoquant des réactions mitigées, Giscard déplacera chaque année le défilé dans un droit différent : le cours de Vincennes, l’Ecole Militaire ou encore la Place de la République. En 1978, il donne une grande interview télévisée et inaugure une tradition avec laquelle Emmanuel Macron renoue en 2020. Le 14 juillet devient définitivement un temps politique à part entière, dépassant le cadre festif ou militaire.
Un défilé sous les étoiles
En 1982, François Mitterrand décide d’organiser un défilé nocturne, pour marquer son Histoire de cette singularité. L’évènement est un succès populaire, et met à l’honneur la patrouille de France ainsi que l’Armée de l’Air.
300 000 personnes se retrouvent dans les rues éclairées de la capitale, pour voir défiler 6000 soldats, cérémonie qui coûtera au total 3,5 millions de Francs à l’État.
Une parade tournée vers l’avenir
S’il a changé sur la forme, le défilé miliaire conserve ses objectifs originaux : renforcer la cohésion nationale et exhiber la puissance militaire. Aussi les cérémonies du 14 juillet servent-elles de vitrine pour le savoir-faire et les innovations français en matière d’armement. En pleine Guerre Froide, par exemple, les missiles Pluton défilèrent fièrement sur la plus belle avenue du monde, venant rappeler aux 2 supergrands qu’ils n’étaient pas les seuls à disposer de l’arme nucléaire.
Les exemples de ces démonstrations sont très nombreux ; le plus récent date de 2019. Le champion de jet-ski Franky Zapata avait présenté son invention. Un « flyboard » futuriste, capable de transporter un homme debout dans les airs, et pouvant se déplacer jusqu’à 190 km/h. Une telle technologie, entièrement développée dans l’Hexagone, intéresse tout particulièrement le Ministère des Armées.
Les changements en 2020
Cette année, les célébrations auront lieu en petit comité. Sans public, les militaires mais aussi les personnels soignants seront mis à l’honneur Place de la Concorde à Paris, devant 2000 invités seulement. Parmi eux, « il y aura des caissières, des éboueurs, toutes ces professions qui ont permis à la France de tenir et dont les Français veulent voir le comportement exemplaire honoré », explique l’Élysée.
Enfin, Emmanuel Macron rendra hommage au Général de Gaulle, pour fêter le 50ème anniversaire de sa mort, le 80ème anniversaire de l’appel du 18 Juin 1940 et le 130ème anniversaire de sa naissance. Il donnera ensuite une interview en direct, pour donner les grandes orientations politiques de la fin de son quinquennat.