Deux semaines après la démission de Gérard Collomb du Ministère de l’Intérieur, deux semaines après des critiques virulentes de l’opposition et l’impatience des médias, on connaît enfin l’ampleur du remaniement opéré par Édouard Philippe et Emmanuel Macron. Mais alors qui sont les ministres évincés, et qui sont ceux qui font leur entrée au Gouvernement ? On vous explique.
Des entrants, des sortants, et quelques changements
Au total, 4 ministres ont été remerciés. Françoise Nissen, à la Culture, Jacques Mézard, chargé de la Cohésion des Territoires, Stéphane Travers, à l’Agriculture et Delphine Gény-Stephann, Secrétaire d’État à Bercy. Ces derniers avaient du mal à se faire une place dans le Gouvernement, et étaient même parfois dans le viseur de la justice. Leur éviction ne faisait que peu de doute pour beaucoup d’observateurs.
Certains ministres ont été au contraire confortés au sein du Gouvernement. Jacqueline Gourault, figure emblématique du MoDem, alors ministre auprès du ministre de l’Intérieur a été promue et dirige désormais le Ministère de la Cohésion des Territoires élargis. Elle incarnait déjà la décentralisation de l’État, dont elle était notamment chargée avec son précédent portefeuille.
Jacqueline Gourault était en charge du dossier Corse, depuis la victoire des Régionalistes aux dernières élections. Source: AFP
Et puis, 8 nouveaux ministres ont été nommés. À commencer par Franck Riester, élu de droite et exclu des Républicains pour avoir soutenu Emmanuel Macron, entre au Ministère de la Culture. Didier Guillaume, socialiste de 59 ans, est désormais chargé de l’Agriculture au sein du Gouvernement. Enfin, Marc Fesneau, élu du MoDem, devient Secrétaire d’Etat des Relations avec le Parlement. Ces trois hommes, discrets mais ambitieux, sont les principaux entrants au Gouvernement. À noter que Gabriel Attal, désormais secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education Nationale, n’est âgé que de 29 ans. Symbole de la Macronie, il devient ainsi le plus jeune membre de Gouvernement de l’histoire de la Vème République.
La parité ainsi que la présence de ministres issus de la société civile, voulue par le Président de la République, est entièrement respectée.
Castaner, un fidèle Place Beauvau
Pour remplacer Gérard Colomb, dont la démission est à l’origine du remaniement, Emmanuel Macron a finalement choisi un autre fidèle de la première heure. À 52 ans, Christophe Castaner, qui dirigeait En Marche depuis 10 mois et qui s’occupait des Relations avec le Parlement devient donc le « premier flic de France ». Socialiste à ses débuts, il ne cache pas ses ambitions depuis qu’il est une figure de la majorité présidentielle. On notera que le Président l’a préféré à Gérarld Darmanin, ministre des Comptes Publics et proche d’Édouard Philippe, qui s’était pourtant dit « prêt » à occuper ce poste prestigieux.
Pour l’accompagner, Christophe Castaner pourra toutefois compter sur Laurent Nuñez, son nouveau Secrétaire d’État plus « technique ». Ce spécialiste de l’antiterrorisme était en effet jusqu’à présent Directeur Général de la Sécurité Intérieure (DGSI).
Emmanuel Macron et Christophe Castaner, dans le Salon Dorée, à l’Élysée. Source: Reuters
« Ni tournant, ni changement de cap »
Le Président de la République ne change pas de cap ni de style. L’objectif du couple exécutif: « continuer à persévérer », selon les termes du Premier Ministre. Une vison confirmée par le Président lors d’une allocution diffusée ce mardi soir à 20h.
Malgré cette volonté de continuité, le Gouvernement compte bien faire participer davantage les secrétaires d’État, plus nombreux qu’auparavant.
Il renforce aussi son alliance avec le MoDem de François Bayrou, pour entrer pleinement dans l’an II du quinquennat Macron, et pouvoir faire face aux prochaines élections européennes qui auront lieu dans 7 mois.