Bruxelles s’est réveillé soulagé ce mardi, après qu’un plan de relance à 750 milliards d’euros ait été acté par les dirigeants européens. Il aura fallu 5 jours de difficiles négociations entre les pays « frugaux » et le couple franco-allemand pour parvenir à une entente, qualifiée « d’historique » par beaucoup d’observateurs.
750 milliards d’euros sur la table
C’est le chiffre qui était attendu : 750 milliards d’euros. Il s’agit du montant du plan de relance européen mis en place pour soutenir l’économie du Vieux Continent, en récession depuis la crise du Covid-19. Le Sommet Européen qui s’est conclu ce matin a permis de détailler la répartition de cette somme exceptionnelle, et le financement de ce plan inédit.
Farouchement défendue par le couple franco-allemand, l’idée d’une dette européenne commune a été retenu. La Commission Européenne pourra emprunter sur les marchés, et ensuite allouer jusqu’à 390 milliards d’euros de subventions aux territoires et aux secteurs les plus durement touchés par la crise. Ces emprunts seront remboursés par les 27 , d’ici 2058 ; c’est la première fois dans l’histoire de la construction européenne que l’Union crée une dette d’ordre supranationale. Un « jour historique pour l’Europe », s’est réjoui Emmanuel Macron.
Pourtant, les pays « frugaux » (Pays-Bas, Danemark, Suède et Autriche) étaient opposés à cette mesure. Moins touchés par la crise que les pays du Sud de l’Europe, ils s’estimaient perdants. Ils devront en effet rembourser des emprunts dont ils n’ont pas directement bénéficié. Un compromis a toutefois pu être trouvé, et le reste du plan de relance, composé de 360 milliards d’euros, sera lui distribué sous forme de prêts, remboursables individuellement par chaque État.
La France, pour sa part, touchera 40 milliards d’euros de subventions, disponibles « dès maintenant », a indiqué le Ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Une bonne nouvelle pour Bercy, qui s’estime gagnant. L’Union européenne financera 40% de la relance française, sur deux ans. La répartition de cette somme sera présenté au Conseil des Ministres du 24 août prochain. L’Italie, l’Espagne ou la Pologne, plus violemment frappés par la récession, toucheront encore davantage d’argent.
Un sommet marathon
4 jours et 4 nuits de huis clos entre les Chefs d’État et de Gouvernement européens aura été nécessaire pour parvenir à un tel accord. Calmer la tempête entre les « frugaux » et le tandem franco-allemand, soucieux de mener la barque, a nécessité des compromis jusque-là inenvisageables.
Le Président du Conseil Européen, Charles Michel, a dû augmenter les rabais dont bénéficient ces États à l’économie très saine dans la participation au budget européen. Ainsi, les « frugaux » sont dispensés de payer 3,932 milliards d’euros, soit une importante partie de leur contribution habituelle. Ils disposeront aussi d’un droit de regard sur les réformes mises en œuvre dans les pays soutenus par ce plan. En dépit de ces concessions, la Chancelière allemande Angela Merkel s’est dite « très soulagée » de savoir l’accord enfin signée.
« Pour la première fois, dans l’histoire européenne, le budget est lié aux objectifs climatiques, pour la première fois, le respect de l’État de droit devient une condition pour l’octroi des fonds », s’est en outre félicité Charles Michel. Autre point de crispation, la question du respect des libertés en Pologne et en Hongrie a été mise sur la table. Désormais, si une majorité qualifiée de membres de l’UE estime que ces pays bafouent les règles démocratiques, ils ne toucheront plus d’aides de la part de l’Union. Cette nouvelle règle a fait l’objet d’arbitrages délicats, visant à ne pas braquer Varsovie et Budapest.
Ce Sommet européen semble satisfaire tous les participants, même si les atermoiements ont montré les failles de l’UE. S’il constitue pour La France Insoumise « un échec cuisant », ce plan de relance est salué par des observateurs tels que Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre, qui se félicite de « la relance du couple franco-allemand », clé de voûte d’une Union européenne fragilisée mais soulagée quant à son avenir économique et politique.