Tantôt écrivain, critique acerbe de la vie politique française, tantôt fondateur du Puy du Fou, deuxième Parc d’attraction de France, auréolé de multiples récompenses nationales et internationales, Philippe de Villiers est un homme qui a su se tailler une place de choix dans le paysage médiatique Français, comme aux côtés du Président. Son histoire, pourtant, reste relativement inconnue du grand public. Alors, entre Vendée et festivités, partons à la rencontre de l’homme qui a l’oreille du Président, Philippe de Villiers.
Une histoire vendéenne
Descendant d’une famille de nobles vendéens, les Le Joli de Villiers, Philippe ne quittera jamais vraiment ses terres. Né à Boulogne, il ne quittera la Vendée que dans le cadre dans ses études supérieures. Élève de l’Université de Nantes, de l’Institut d’Études Politiques de Paris (Science Po) et de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) au sein de la promotion “Mendès-France”, il se spécialise dans le droit et les services publics avant d’intégrer le corps préfectoral. Mais c’est en 1978 que Philippe de Villiers entreprend sa plus grande réalisation. Alors sous-préfet, il parvient à convaincre le conseil général (aujourd’hui départemental) de Vendée d’acheter le Château du Puy du Fou, et d’y lancer la “Cinéscénie”, un spectacle son et lumière racontant l’Histoire de la Vendée. A ce spectacle sera ajouté un Parc d’attraction, ce qui donnera le Puy du Fou que l’on connaît aujourd’hui, deuxième parc d’attraction de France avec près de 2 millions de visiteurs annuels. En Vendée toujours, il fonde en 1981 Alouette FM, une radio qui émet encore aujourd’hui, et Alouette Hebdo en 1982, avant de créer à Nantes en 1984 une école privée de communication. Philippe de Villiers quitte alors l’administration et entame sa carrière politique.
Premières armes en politiques
Dès l’ENA, Philippe de Villiers montre sa volonté de s’engager. Opposé à une CFDT qu’il juge hégémonique, il crée le syndicat “ENA-Indépendance” pour la concurrencer et fréquente, selon certains, des clubs royalistes. De retour en Vendée, le Puy du Fou est critiqué, notamment par la Gauche, comme représentant une vision tronquée de l’Histoire, notamment celle de la Révolution, en plaçant les Vendéens qui s’étaient soulevés contre la République comme des martyrs de la folie révolutionnaire. Devenu sous-préfet, il demande, à la suite de l’élection de François Mitterrand en 1981, une “mise à disposition”, c’est-à-dire à rester au sein du corps préfectoral sans pour autant conserver son poste, refusant de travailler pour le nouveau Gouvernement socialiste.
Après le passage dans le privé précédemment cité, en 1985, il intègre le Parti Républicain, alors membre de l’Union pour la Démocratie Française, parti de Valéry Giscard d’Estaing de centre-droit. Candidat aux législatives de 1986, il échoue à se faire élire député, mais devient suppléant, avant d’être nommé Secrétaire d’Etat à la Culture du Gouvernement Chirac. A ce poste, obtenu grâce au succès du Puy du Fou, il s’illustre par une politique de rupture avec son prédécesseur socialiste, Jack Lang. Il met un terme à la politique des grands travaux (qui a par exemple donnée la Bibliothèque François Mitterrand), mise sur l’attractivité des musées, organise le millénaire de l’avènement des capétiens en 1987 et développe l’éducation artistique.
En désaccord avec son ministre de rattachement et à la suite de la libération du siège par son prédécesseur, il devient député de la Vendée en démissionnant du Gouvernement en 1987. Il s’engage dans la présidentielle de 1988 en tant que soutien à Raymond Barre, ce qui lui vaut d’être nommé délégué à la culture de l’UDF. Barre vaincu, il est réélu député après la dissolution de l’Assemblée Nationale par François Mitterrand, et s’engage contre la loi Gayssot, qui réprime la contestation de l’existence de tout crime contre l’humanité, et pour la vérité sur l’affaire Urba, une affaire portant sur le financement occulte du Parti Socialiste. En parallèle, il est élu Président du Conseil Général de Vendée et participe à la création, en 1989, du Vendée Globe. Il faut attendre 1992 pour le voir revenir sur la scène nationale et même supranationale.
A la conquête de la France… et de l’Europe
Le premier coup d’éclat du Vendéen date de 1992. Au cours du référendum sur le Traité de Maastricht, Philippe de Villiers, avec d’autres hommes de droite comme Charles Pasqua, fait campagne pour le “non”. Celui-ci adopté, il présente sa propre liste souverainiste aux européennes de 1994 qui parvient à obtenir 12,34% des suffrages. Auréolé de ce succès, il fonde son propre parti, le Mouvement pour la France dit MPF. Une fois le parti fondé, il se déclare candidat à l’élection présidentielle de 1995, et met en avant un programme s’appuyant sur la lutte contre la corruption, la réduction de la dépense publique, le renforcement des frontières ou encore la suppression de l’impôt sur le revenu. Il obtient 4,74% des suffrages exprimés, pénalisés par la multiplication des candidatures à droite (Edouard Balladur, Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen), mais parvenant à arriver premier dans sa Vendée natale. S’entame alors une période complexe dans la vie de Philippe de Villiers, qui s’étend jusqu’en 2005.
Pendant cette période, l’homme semble hésiter. En 1999, il s’allie avec Charles Pasqua pour une liste commune aux européennes qui parvient à passer devant celle de Nicolas Sarkozy, avec 13,06% des voix contre 12,82%. Mais à peine cinq mois plus tard il quitte Bruxelles pour revenir à l’Assemblée Nationale. Son mouvement, le MPF, fusionne avec Demain la France, le mouvement de Charles Pasqua, pour devenir le Rassemblement Pour la France (RPF), avant que le Parti reprenne son autonomie, De Villiers dénonçant une gestion autoritaire de Pasqua. Réélu député en 2002, il est soupçonné d’avoir aidé Jean-Marie Le Pen à trouver les signatures manquantes pour se présenter à la Présidentielle, et ne donne pas de consigne de vote dans l’entre-deux-tours, conseillant seulement à Jacques Chirac d’unir toutes les droites. En 2004, il est réélu de peu député européen, et est considéré comme l’un des eurodéputés les moins assidus, allant jusqu’à être sanctionné économiquement par le Parlement européen.
En 2005, le référendum pour une Constitution européenne est pour lui l’occasion de revenir sur le devant de la scène. Eurosceptique notoire, il fait évidemment campagne pour le “non” et, pour la première fois, l’emporte. Le nombre d’adhérent au MPF explose, notamment avec l’arrivée du Maire d’Orange qui quitte le Front National. Dans la foulée, De Villiers se présente à la Présidentielle de 2007, soutenu par d’anciens cadres de la campagne de Chevènement (proche du parti socialiste considéré comme souverainiste) de 2002, mais aussi par Henry de Lesquen (futur Président du Parti National-Libéral, classé à la droite de la droite et à l’extrême droite) et quelques membres de l’UMP. Après un score décevant (environ 2%), même dans sa Vendée natale (il y arrive en quatrième position), il prend de la distance avec la politique, le MPF, après un rapprochement avec Nicolas Sarkozy, déclinant tout au long des années 2010, avant d’être dissout en 2018. S’il est réélu au Parlement européen en 2009, des soucis de santé le contraignent à abandonner ses fonctions en Vendée. Il se montre proche de la Manif pour Tous, s’étant déjà opposé au PACS en 2000 (forme de quasi-mariage que l’on accordait aussi aux homosexuels), et hostile à toute hausse de TVA sur les parcs à thèmes.
La politique hors des Chambres
Ne se présentant pas aux européennes de 2014, car considérant le Parlement comme une coquille vide, il devient alors une forme d’ambassadeur du Puy du Fou, notamment reçu par Vladimir Poutine pour la construction de parcs à thèmes en Russie, mais le concept a aussi des déclinaisons en Espagne ou au Royaume-Uni par exemple. Il devient aussi un écrivain polémiste, avec des succès tels que Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, livre politique le plus lu de l’année 2015, ou Le Mystère Clovis, Lauréat du Trophée de la Biographie Gonzague Saint-Bris 2018. En 2017, il se montre proche de Marine Le Pen, allant jusqu’à vanter sa carrure présidentielle, et adhère à des thèses considérées comme d’extrême-droite comme la “remigration”, consistant à renvoyer les immigrés dans leur pays d’origine. “L’islamisation” de la France reste son principal sujet de préoccupation. Il est par ailleurs persuadé, grâce à des sources qui lui viendraient des services de renseignement, que la classe politique actuelle souhaite abandonner des pans entiers du territoire français à des groupements musulmans extrémistes. Hors de ses engagement personnels, il a été aperçu à de nombreuses reprises échangeant avec l’actuel Président de la République avec qui ils échangent fréquemment.
Au moment où sont écrites ces lignes, Philippe de Villiers vient d’annoncer envisager se présenter à l’élection présidentielle de 2020. Proche du Président de la République, il fustige une gestion du pays jugée molle. L’image du Président accompagné du Vendéen résume bien la vie de celui-ci. A Paris, certes, au cœur des affaires politiques et économiques du pays, au plus proche de son Président, mais avec une veste estampillée Puy du Fou, marque de cette Vendée qui ne le quitte jamais.