Depuis fin février, des manifestations pacifiques ont lieu dans toutes les grandes villes d’Algérie. Pour cause, le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, devait candidater pour les prochaines élections présidentielles.
Abdelaziz Bouteflika, mais c’est qui ?
Né en 1937, Abdelaziz Bouteflika devient ministre de la Jeunesse et du tourisme à l’âge de 25 ans, suite à la déclaration d’indépendance de l’Algérie. Il participe au coup d’État contre Ahmed Ben Bella en 1965, permettant ainsi à Houari Boumediene, dont il est proche, de prendre la tête du pouvoir. Ce dernier le nomme alors ministre des Affaires Etrangères, un poste qu’il occupera pendant treize années avant d’être élu à l’unanimité, président de l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1974. Néanmoins, le 27 décembre 1978, A.Boumediene meurt et est succédé par Chadli Bendjedid qui le nomme ministre d’État en 1979. Il restera à cette fonction jusqu’en 1981 où il s’éloigne de la scène politique. Il est en fait poursuivi par la Cour des comptes, accusé d’avoir détourné de l’argent sur des comptes en Suisse.
En 1999, au crépuscule d’une guerre civile débutée en 1991, il se présente aux élections présidentielles avec le soutien du FLN (Front de Libération Nationale) et devient Président malgré l’aspect controversé de ces dernières. En effet, à la veille du vote, tous les candidats se retirent, dénonçant les conditions d’organisation du scrutin. Débute alors vingt années où Bouteflika reste à la tête de l’État algérien bien que sa santé se dégrade.
Dès 2005, après sa réélection en 2004 avec pratiquement 85% des voix, il est hospitalisé. En 2013, A.Bouteflika est victime d’un AVC et se déplace depuis en fauteuil roulant. Ces apparitions publiques et ses discours se font de plus en plus rares, ce qui lui vaut d’être vivement critiqué par les médias et une partie de la population. Pourtant il est réélu en 2014 pour un quatrième mandat avec 82% des voix malgré l’opposition qui dénonçait des fraudes et après une tentative de printemps arabe trois ans plus tôt. Désormais, presque invisible de la scène politique, il annonce toutefois sa candidature pour un cinquième mandat le 10 février dernier.
Abdelaziz Bouteflika en novembre 2017 (Crédit photo : Ryad Kramdi/AFP)
Des manifestations contre cette candidature
C’est cette annonce qui a provoqué des manifestations de protestation dans toutes les grandes villes algériennes. Des centaines de milliers de manifestants ont défilé pacifiquement dans les rues, principalement les vendredis, depuis que la nouvelle est tombée. Tous réclament le départ du Président et dénoncent la corruption, la répression policière et la politique menées par le gouvernement.
Manifestation contre Abdelaziz Bouteflika (Crédit photo : Bertrand Guay/AFP)
Par ailleurs, si la manifestation de ce vendredi 8 mars a été marquée par une plus forte présence des femmes, du fait de la journée internationale des droits de la femme, et par les étudiants, les mouvements de contestation sont menés par des milliers de femmes, hommes et enfants de toutes origines. C’est donc dans une ambiance d’allégresse que les manifestants ont parcouru les rues, considérant ces manifestations comme des « fêtes à la liberté », ils refusent un cinquième mandat du président sortant.
Ce dernier, quant à lui, hospitalisé à Genève depuis le 24 février, est revenu en Algérie le 10 mars.
Le lendemain, il a annoncé le report des élections présidentielles, initialement prévue le 18 avril, et sa volonté de renoncer à un cinquième mandat.