1998. Perth. Australie-Occidentale. Pour la première fois de son Histoire, le titre de Championne du Monde de natation revient à une Française : Roxana Maracineanu. 20 ans plus tard, les problèmes familiaux (ou fiscaux) forcent Laura Flessel à quitter le Gouvernement, et qui de mieux qu’une nageuse pour sauver le Ministère des Sports de la noyade.
Roumanie, Mulhouse, diplômes et engagements, vous saurez tout sur la nouvelle locataire du 95 avenue de France à Paris : Roxana Maracineanu !
De la Roumanie à la France
Comme vous l’aurez peut-être compris à son nom, la nouvelle Ministre des Sports est Roumaine; née le 7 mai 1975 à Bucarest, alors capitale de la République Socialiste de Roumanie et de son Premier Secrétaire du Parti Communiste, Nicolae Ceausescu. Le régime est alors dans une phase de durcissement, ce qui pousse la famille à tout abandonner derrière elle, d’abord pour aller en Algérie grâce à un contrat de coopérant (équivalent d’un contrat d’aide non bénévole, comme un engagé de l’ONU par exemple), d’où il a été plus facile pour sa famille de rejoindre la France et d’y demander l’asile, le tout dans un bateau qui s’appelle, ça ne s’invente pas, Liberté.
De l’asile à la Naturalisation
Arrivée en France, la future ministre n’est pas sortie d’affaire. Le Liberté la porte, elle et sa famille à Marseille, d’où ils sont transférés au Centre de Transit pour Réfugiés de Blois. C’est là qu’en 1984, à neuf ans, elle apprend à parler français. Sa plus grande découverte de l’époque ? Les bonbons et les chewing-gum ! Là où, en Roumanie, elle ne pouvait que sentir la menthe des papiers froissés, en France, la liberté s’est trouvée un goût plus sucrée. La famille finit par s’établir à Mulhouse en 1988. C’est là que la Roumaine devenue Alsacienne débute à la fois ses études au collège Jean Macé, mais surtout sa carrière de nageuse de haut niveau en intégrant la Mulhouse Olympic Natation. L’année 1991 est pour elle une double consécration nationale, elle remporte à la fois ses premiers titres aux championnats de France d’été, et sa naturalisation française, ouvrant sa voie à son adhésion à l’équipe de France en 1993.
Consécration Mondiale, journalisme et engagement associatif
Dès 1993, la Française fait des apparitions remarquées aux championnats européens puis mondiaux l’année suivante. Après n’avoir pas réussi à être sélectionnée pour les Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996, sa carrière s’envole.
Au championnat d’Europe de Séville, en 1997, elle obtient une médaille de bronze au 200 mètres et une médaille d’argent au 100 mètres dos, puis triomphe au Championnat du Monde de Perth de 1998, où elle remporte la médaille d’or pour le 200 mètres dos, et devient au passage Chevalier de l’Ordre National du Mérite. Le 200 mètres dos lui offre au Championnat Européen d’Istanbul de 1999 un deuxième médaille d’or, quand, en parallèle, elle décroche une maîtrise en langues étrangères appliquées à l’Université de Haute-Alsace. Le passage à l’an 2000 marque l’apogée de sa carrière avec le titre de vice-championne du monde décrochée aux jeux Olympiques de Sydney, la multiplication de ses records de France pour le 100 mètres dos et son ascension au statut d’Officier de l’Ordre National du Mérite.
En 2001, elle réussit les examens d’entrée à l’Ecole Supérieur de Commerce de Paris (Sup de Co Paris). C’est le début d’un certain déclin de sa carrière. N’ayant plus la même forme que ses jeunes concurrentes, et bien que championne de France, Maracineanu ne remportera plus de médailles et déclarera l’arrêt de sa carrière sportive en 2004, après la consécration d’une personne qui la considérait comme son idole, jusqu’à lui envoyer une lettre, Laure Manaudou. La fin de sa carrière lui permet de sortir diplômée de Sup de Co Paris. Après une carrière de consultante sportive entre 2007 et 2014 qui la conduira sur les plateaux de France Télévisions, l’Equipe TV et Europe 1, elle présente sa candidature au poste de Directeur Technique National (DTN) de la Fédération Française de Natation en 2015, poste finalement remporté par Jacques Favre.
En parallèle de ses postes, elle fonde en 2009 l’association Educateam, visant à lutter contre la noyade et l’aquaphobie, et s’engage dans l’association Bien manger, c’est bien joué !, apprenant aux jeunes les fondations d’une alimentation sportive équilibrée.
Roxana Maracineanu aux Jeux Olympiques de Sydney (Crédit photo: AFP)
Carrière politique
La carrière politique de l’ex-championne débute sous le signe de la rose. En effet, elle participe à la liste socialiste Huchon 2010 – La Gauche pour l’île-de-France pour les élections régionales de 2010. Celle-ci élue, elle intègre la commission des sports jusqu’au 13 décembre 2015, date de fin de son mandat. Par la suite, l’ex-sportive disparaît des radars jusqu’en 2017, où paraît d’elle une critique sur les conditions d’accueil des migrants, et le souvenir d’un souhait, devenir cosmonaute.
Tout s’accélère en juillet 2018. Après un entretien pour Le Parisien dans lequel elle déclarait considérer l’initiation à la natation comme insuffisante, elle est mandatée par le Premier Ministre pour prendre la tête du plan de lutte anti-noyade. Enfin, la longue épopée de l’ex-nageuse s’arrête le 4 septembre 2018, quand, quelques heures à peine après la démission de Laura Flessel, elle est annoncée par le Gouvernement comme sa remplaçante.
Le dossier brûlant
A peine arrivée, la nouvelle Ministre est confrontée à un problème de taille. Elle a en effet à sa charge la suppression de 1600 postes au Ministère des Sports d’ici 2022 et doit composer avec une diminution de 30 millions d’euros pour le portefeuille 2019.
Passation de Pouvoir entre Laura Flessel et Roxana Maracineanu (Crédit Photo: France Info)