Depuis début janvier, le Venezuela fait face à une crise politique entre l’investiture de Nicolas Maduro à la tête du gouvernement et l’autoproclamation de Juan Guaidó quelques jours plus tard. Retour sur les événements qui secouent le Venezuela.

Un pays en période de crise politique, économique et sociale

Le 10 janvier dernier, Nicolas Maduro a été investi pour un second mandat de six ans à la tête du Venezuela. Les élections ayant eu lieu en mai 2018, celles-ci ont été, par ailleurs, vivement contestées par les opposants mais aussi à l’échelle internationale, puisque de nombreux pays ne reconnaissent pas le mandat de Nicolas Maduro.

Ainsi, de nombreuses manifestations ont eu lieu depuis l’investiture de Nicolas Maduro, toutes menées par ses adversaires. Celles-ci reprochent au Président de gouverner en autocrate, d’agir en dictateur, de prendre tous les pouvoirs et de contourner la Constitution.

Ils le tiennent également pour responsable de la crise économique qui traverse le pays. Le FMI avait notamment annoncé qu’ils projetaient « une poussée de l’inflation de 1 000 000% d’ici la fin 2018, ce qui signifie que le Venezuela est dans une situation similaire à celle de l’Allemagne en 1923 ou à celle du Zimbabwe à la fin des années 2000″.

Une crise qui a d’énormes impacts sur les Vénézuéliens puisque nombre d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté et plus de deux millions de personnes ont déjà immigré dans les pays frontaliers pour fuir une situation précaire.


Nicolas Maduro (Crédit photo : Gouvernement du Venezuela)

Un nouveau Président pour le Venezuela ?

C’est pourquoi, mercredi 23 janvier lors d’une manifestation, Juan Guaido, opposant et président de l’Assemblée nationale du Venezuela, s’est autoproclamé Président, en vertu de l’article 233 de la Constitution.
Ce dernier permet au président de l’Assemblée Nationale de prendre la Présidence de la République en cas de décès, démission, destitution par décision du Tribunal suprême de justice ou encore d’invalidité physique ou mentale permanente du Président.


Juan Guaido prêtant serment le 23 janvier lors d’une manifestation (Crédit photo : Fernando Llano/ AP images)

En s’autoproclamant, Juan Guaido espère que Maduro quittera le pouvoir le plus rapidement possible, bien que celui-ci tienne bon. En effet, il bénéficie du soutien et de l’appui de l’armée qui rejette formellement la présidence de Juan Guaido.

Des dizaines de pays étrangers interviennent dans cette crise politique

Depuis l’autoproclamation de J.Guaido, de nombreux pays se sont empressés de le reconnaître comme Président intérimaire du Venezuela, notamment les États-Unis, suivis de près par le Canada et la majeure partie des pays d’Amérique du Sud (Chili, Colombie, Brésil, Pérou, Argentine,…).

L’Union européenne, quant à elle, entend écouter la voix des Vénézuéliens et souhaite la tenue « d’élections libres et crédibles » mais certains États tels que la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou encore l’Espagne se disent tout de même prêts à reconnaître Juan Guaido si de nouvelles élections ne sont pas tenues avant le 3 mars.

D’un autre côté, multiples sont les pays qui soutiennent Nicolas Maduro. Effectivement, la Russie, la Chine, Cuba, mais aussi la Bolivie et l’Uruguay continuent à reconnaître Maduro comme Président. Par ailleurs, les premiers dénoncent une ingérence de la part des États-Unis et de leurs alliés.

Toutefois, mercredi 30 janvier, Nicolas Maduro s’est dit prêt à dialoguer avec l’opposition et à organiser des élections législatives anticipées. Tandis que Juan Guaido est sous les feux d’une enquête préliminaire qui lui interdit de quitter le territoire et qui gèle son compte bancaire. Cette décision pourrait, néanmoins, réjouir une partie de la communauté internationale, celle-ci espérant une issue pacifique face à cette crise qui a déjà provoqué de nombreux accès de violences au cours des manifestations.