Alors qu’Edouard Philippe souhaite avoir recours aux ordonnances pour reformer la SNCF, les syndicats du réseau ferroviaire s’y opposent et lancent un appel à la grève le 22 mars. On vous explique tout ce qui se passe !

L’ordonnance, c’est quoi ?

En fait, les deux-chambres (Sénat et Assemblée nationale) du Parlement français donnent leur pouvoir de légiférer au gouvernement, pour une durée déterminée. Ainsi, celui-ci a la possibilité de mettre en œuvre des réformes plus rapidement puisque celles-ci ne passent pas par le Parlement, ce dernier ne peut d’ailleurs ni modifier, ni discuter le texte. Cependant, il faut savoir que pour devenir une loi, le texte est voté par la chambre des députés et sénateurs.

Pourquoi faire cette réforme ?

Edouard Philippe, qui dévoilait la réforme et l’utilisation des ordonnances le 26 février dernier, a affirmé que « les français payent de plus en plus cher pour un service qui marche de moins en moins bien. ». Il a également appuyé sa réforme par l’exemple de certains pays voisins. Suite à leurs ouvertures à la concurrence des réseaux ferroviaires (avec de nouveaux acteurs, moyens, services et de nouvelles idées), ils avaient en effet eu une hausse des fréquentations et une amélioration des services.

Quels sont les avantages du statut de cheminot ?

Tout d’abord, il faut savoir que ces droits avaient été créés car le métier de cheminot est considéré comme pénible puisqu’il nécessite de faire rouler et d’entretenir des infrastructures 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
Ainsi, ce statut de cheminot permet d’accéder à certains avantages. Les agents de la SNCF bénéficient d’un emploi « à vie », sauf en cas de faute grave, de retraite ou de démission et ceux-ci ne peuvent être licenciés pour raison économique. Un régime de retraite a également été mis en place depuis de nombreuses années. Il permet d’accéder à une pension calculée sur le salaire des six derniers mois, et offre la possibilité aux cheminots de partir à 52 ou 57 ans, selon le poste occupé. Il faut d’ailleurs ajouter que la carrière de chaque fonctionnaire est avancée tous les trois ans. Donc que le salaire augmente pour chaque échelon supplémentaire. Chaque salarié a aussi la possibilité d’accéder à un logement, à loyer réduit. Il faut cependant préciser que ces logements sont essentiellement mis à disposition des agents d’astreinte. De même, les fonctionnaires ont accès à une protection sociale importante, certains centres médicaux de grandes villes étant gratuits. Les billets de train sont également gratuits pour les agents et avec des tarifs réduits pour leur famille. Enfin, les agents possèdent 28 jours de congés annuels, et des jours de RTT en plus si les 7 heures par jour sont dépassés.

 

Pourquoi y a-t-il une opposition ?

La réforme a provoqué une vague de contestation parmi les syndicats (CGT, UNSA, CFDT, SUD-Rail et FO-cheminots). Le premier ministre prévoit en effet la suppression du statut de cheminot pour les futurs fonctionnaires. Ceux-ci verraient certains de ces avantages supprimés, tels que l’accès gratuit au train, l’absence de licenciement pour motif économique ou encore un régime de retraite avantageux. C’est donc pour cette raison, que les syndicats s’y opposent. Si ces droits sont éliminés, c’est parce que ceux-ci entraînerait une augmentation des coûts pour la SNCF. Or, cette dernière subit un énorme endettement depuis quelques années, celui-ci s’élevant environ à 50 milliards d’euros. De plus, avec cette réforme, une partie de la SNCF, deviendrait une société à fond privée, ce qui la différencie de la société à fond public. En effet, le but d’un service public est de rendre service aux citoyens et non pas de rechercher une rentabilité ou de rapporter, contrairement à un service privé qui se concentre essentiellement sur ce dernier point. Il faut ajouter à cela, que ces dernières années, la SNCF a privilégié le développement des lignes à grandes vitesses, et a peu investi dans les petites lignes pour les entretenir.

 

Source : AFP/ MATTHIEU ALEXANDRE

C’est pourquoi, les syndicats appellent à la grève ce 22 mars. En fait, ils dénoncent la remise en cause de ce statut, ainsi que le passage d’une partie de la SNCF en société privée et estiment que les ordonnances sont un « passage en force » de la part de l’Etat.