Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur sous les gouvernements Philippe I et II, a annoncé vouloir démissionner de son poste ce lundi 1er octobre. Après une lettre de démission refusée par Emmanuel Macron, il réitère sa décision en lui adressant une seconde lettre, démontrant qu’il ne reviendra pas sur son choix. Pourquoi et dans quel contexte a t-il envisagé son départ ?

Pourquoi il décide démissionner ?

Le 18 septembre 2018, Gérard Collomb déclare dans l’Express vouloir démissionner de son poste de Ministre de l’Intérieur afin de se concentrer uniquement sur la campagne municipale qu’il souhaite mener à Lyon en 2020. En effet, il affirme qu’ « il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis des Lyonnais ».

Face à cette déclaration, Georges Képénékian, l’actuel maire de Lyon a décidé de démissionner afin de lui laisser sa place.

En outre, depuis quelques semaines, il existait une sorte de tension entre le « premier flic de France » et Emmanuel Macron. Gérard Collomd affirme notamment qu’ils ne sont « pas nombreux à pouvoir encore lui parler » et lorsqu’on l’a questionné à propos des défauts de l’exécutif, il n’hésite pas à parler du « manque d’humilité » dont fait preuve le président.

Édouard Philippe, Emmanuel Macron et Gérard Collomb. Source : RTL

Il a notamment illustré ceci avec une métaphore grecque au micro de Jean-Jacques Bourdin : « L’hubris c’est la malédiction des dieux, quand à un moment donné vous devenez trop sûr de vous, que vous pensez que vous allez tout emporter. Il y a une phrase qui disait : « les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre », donc il ne faut pas que nous soyons dans la cécité ».

Cette démission intervient donc dans un contexte fragile de la présidence. Depuis l’été Emmanuel Macron enchaine les scandales à commencer par l’affaire Benalla puis par les démissions successives de Nicolas Hulot ainsi que de Laura Flessel. Les opposants à Macron n’hésitent pas à montrer leur sentiment face à cette situation, la plupart déclarant qu’il s’agit de la plus grave crise politique du quinquennat, tandis que le Président nuance ce fait en parlant quant à lui de « péripéties ».

Quelles actions a t-il déjà réalisées au sein du Gouvernement ?

Collomb s’est notamment distingué par sa volonté de mettre en œuvre une politique très stricte en matière migratoire, surtout dans le nord de la France. Avec cette politique, de nombreux migrants et Jacques Toubon, le Défenseur des droits, dénoncent les violences policières récurrentes à leur encontre.

Gérard Collomb a aussi porté le projet de loi concernant le renforcement de la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme qui cherche à insérer des mesures de l’État d’urgence dans le droit commun. Enfin, sa dernière action très remarquée fut son projet de loi sur l’asile et l’immigration en 2018.

Qui pour le remplacer ?

Pour le remplacement du Ministre de l’Intérieur, 4 noms sont régulièrement évoqués à l’instar de Christophe Castaner, « qui en rêve depuis toujours », de François Molins ex-procureur de la République, Jean-Yves le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ou encore Gérald Darmanin, actuel ministre de l’Action et des comptes publics. Enfin, le nom de Frédéric Péchenard est abondamment évoqué puisque qu’il fut patron de la police nationale.

En attendant, c’est Édouard Philippe qui assure l’intérim après une passation de pouvoir jugée très froide entre les deux hommes. Philippe déclare qu’il désire « proposer au président de la République les décisions qui s’imposent ».

Ainsi, la composition du nouveau Gouvernement devrait être annoncée cette semaine.

Passation de pouvoir « glaciale » entre Édouard Philippe et Gérard Collomb. Source : JDD