Il y a maintenant 50 ans que le terrible épisode de révolte populaire de Mai 1968 s’est déroulé. Retour sur cette période historique.

Nées dès le début du mois de Mai de l’année 1968, les célèbres grèves virent d’abord le jour chez les étudiants en surnombre, victimes d’un manque de locaux et de personnel. Ceux-ci sont vite rejoints par la France entière. Une vague de grèves et de manifestations dont la violence en fait la célébrité apparaît alors.

Si 1958 voit la naissance de la Vème République française, dans laquelle le pouvoir du Président est important et solitaire, ce modèle politique ne correspond plus aux transformations que subit la société française 10 ans plus tard. La crise est principalement due à une réaction des jeunes issus du baby-boom (explosion du nombre de nouveaux nés dans les années 1940) face à la politique de Charles De Gaulle alors Président de la République, dans laquelle ils ne se retrouvent pas, mais aussi à une rancœur liée à l’enlisement du conflit algérien (1954-1962). Les nouvelles générations témoignent alors d’un besoin de changement social important, notamment face à l’apparition du chômage.

Le mouvement de contestation est constitué de trois phases distinctes. En premier lieu, seuls les étudiants manifestent leur colère, et ce n’est que le 13 Mai que la crise devient sociale et enfin politique à la fin du mois, lorsque l’autorité de l’Etat est remise en cause.

De violentes manifestations ont lieu, notamment à Paris, où la situation n’est pas sans rappeler les combats de rue de la Révolution française. Et pour cause, c’est par sympathie pour les étudiants victimes des excès de la police que le mouvement de grève gagne en importance à la mi-Mai.

Les manifestations sont d’une grande violence.

Tous les évènements sont retranscrits par les médias, tant publiques et contrôlés par l’ORTF (qui pratique la censure), que privés, libres. Cependant ce sont les radios qui concentrent le plus d’audience. Parmi elles, les libres gagnent la préférence et la confiance des français grâce à la liberté d’expression dont elles jouissent, mais aussi leur capacité à s’introduire au cœur de l’action et des manifestations, avec notamment des interviews en direct. Hors de portée de l’ORTF, le contenu publié n’est donc pas contrôlé par l’Etat, qui filtre par le biais de cette organisation les informations délivrées aux français. Les radios libres hériteront même de surnoms tels que « radio émeute » par François Mitterrand, qui les accusera d’aggraver les faits.

Cette importante révolte du peuple français face à l’autorité de l’exécutif est à la source de nombreux progrès sociaux. Les accords de Grenelle en 1968 permettent une augmentation du SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti, de nos jours SMIC), le développement des négociations entre le Gouvernement, le patronat et les syndicats ainsi qu’une augmentation générale des salaires de 10%… Plus tard, d’autres mesures apparaissent, toujours en réaction à la crise de Mai 1968 : la 4ème semaine de congés payés est accordée en 1969, la majorité civile est abaissée à 18 ans, et par ce biais le droit de vote en 1974, mais surtout la dissolution de l’ORTF en 1974, signe majeur de la libéralisation.
Malgré son extrême violence, cette crise a donc provoqué de nombreux progrès sociaux en France.

 

Par ailleurs, en 2018, si la situation n’atteint pas l’équivalent de Mai 68, la France doit à nouveau faire face à un grand mécontentement de sa population signe de la nécessité de changements. En effet, de la SNCF, opposée à la réforme la concernant, aux étudiants, opposés au nouveau mode de recrutement dans l’enseignement supérieur, de nombreuses grèves ébranlent le pays.