Ce désir inéluctable, de devenir le « premier des Français », a frappé dans l’histoire des centaines de personnalités politiques. Très sérieuses ou parfois fantasques, elles ont toutes mené, pour tenter de franchir les portes de l’Élysée, une campagne présidentielle, vivant des mois d’aventures et de rebondissements, avec la folle ambition de devenir Président.

Beaucoup de candidats

Dans toutes les démocraties, et à chaque élection présidentielle, on découvre une multitude de candidats plus ou moins sérieux, et inconnus du grand public. Alors, pour distinguer ceux qui sont réellement susceptibles de devenir chef de l’État, chaque pays pose des conditions très précises.

En France, pour voir son nom  apparaître sur les bulletins de vote, il faut bien sûr avoir la nationalité française, et surtout plus de 18 ans. Mais la condition sine qua non pour être reconnu officiellement, ce sont les fameux « 500 parrainages ».
En clair, les élus locaux peuvent envoyer au Conseil constitutionnel un document, appelé couramment parrainage, pour soutenir un candidat. Si ce dernier obtient 500 signatures au moins, et provenant d’élus de la France entière, il pourra participer officiellement à la campagne présidentielle. Aux yeux de l’État, il est un candidat sérieux, et donc susceptible de devenir Président. En 2017, des centaines de candidats s’étaient déclarés, mais au final, seulement 11 ont pu participer au premier tour, car ils avaient obtenu suffisamment de signatures.

Mais pour les candidats soutenus par un grand parti politique, cette étape n’est qu’une formalité. En revanche, ces grandes organisations nationales sont confrontées à une nouvelle difficulté : la multiplication des candidats au sein de leur parti. Le temps où un seul homme était à la tête de son mouvement semble révolu. Aussi, les partis politiques organisent parfois des primaires internes, pour désigner celui ou celle qui représentera l’ensemble des militants à la présidentielle.
En 2011, avec la « primaire citoyenne » du PS, l’ensemble des électeurs français, quelques soient leurs bords politiques, ont pu élire le candidat socialiste qui serait soutenu lors de l’élection présidentielle. Ce dispositif vise à mettre en avant les projets du parti sur la scène nationale, et cherche à créer l’engouement autour d’un candidat. Ce fut le cas en 2011 et 2012 avec François Hollande.

François Hollande et Martine Aubry, les deux finalistes de la primaire, sur le plateau de France 2. Source: Reuters

Une campagne rigoureuse

Après avoir obtenu l’éventuel soutien d’un parti, et les 500 parrainages, le candidat doit mener une campagne électorale. Officiellement, elle ne dure qu’environ un mois. Mais en réalité, pour certains candidats, elle commence bien plus tôt.

Alors, comme les frais liés à une telle opération sont très élevés, les candidats doivent trouver des financements. Pour ceux qui sont moins connus du grand public, c’est plus compliqué… leurs chances de victoire étant parfois très faibles. L’argent récolté provient des dons des particuliers, ainsi que des prêts bancaires. Pour éviter de trop grandes inégalités dans les budgets des différents candidats, un plafond des dépenses est mis en place. Au second tour, par exemple, un candidat ne peut pas dépenser plus de 22,509 millions d’euros. Depuis 2014, la justice enquête sur un éventuel dépassement de ce plafond par Nicolas Sarkozy et ses équipes : c’est la médiatique Affaire Bygmalion.

Malgré toutes ces contraintes, les candidats ont aussi des droits. Ainsi, durant la trentaine de jours qui précède le vote, la « campagne officielle » est très réglementée. L’État, par exemple, se charge d’envoyer les professions de foi des candidats, et leur réserve un affichage minimum. De plus, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel veille à ce que le temps de parole et le temps d’antenne des candidats soient identiques, à la télévision et à la radio. Les sondeurs doivent aussi respecter des règles strictes, notamment de transparence, en communiquant sur l’échantillon interrogé par exemple.

L’élection

L’élection présidentielle se déroule en 2 tours, après la fin de la campagne officielle. Traditionnellement, les votes se déroulent le dimanche. À l’issue du premier tour, si aucun candidat n’obtient la majorité absolue, on dit qu’il y a « ballotage », et on procède à un second tour, deux semaines plus tard. Le Président de la République est élu au suffrage universel direct, c’est-à-dire par tous les citoyens majeurs. Depuis 1944, les femmes ont le droit de voter, et de se présenter à l’élection présidentielle. Il faudra néanmoins attendre 2007 pour qu’une femme soit présente au second tour : Ségolène Royale, la candidate socialiste, battue ensuite par Nicolas Sarkozy.

Depuis la création de la Vème République, aucun des 8 Chef de l’État n’a été élu dès le premier tour. Aussi, durant la quinzaine de jours qui sépare les deux tours, une campagne très dense se met en place. Et le 10 mai 1974, pour la première fois, Giscard et Mitterrand, les deux finalistes, décident de débattre en direct à la télévision. Les téléspectateurs sont au rendez-vous, à l’instar des passes d’armes entre les deux hommes. Depuis, ce débat du second tour est un rituel. Seul Jacques Chirac l’avait refusé en 2002, alors qu’il était opposé à Jean-Marie le Pen. « Face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible », avait alors déclaré le Président sortant.

« Vous n’avez pas le monopole du cœur », avait déclaré VGE, devant 25 millions de téléspectateurs, lors du débat de 1974

Quelques soient leurs chances de victoire, les candidats à l’élection présidentielle doivent, sans cesse, montrer leur légitimité. Aux autorités, bien sûr, mais surtout aux électeurs. Meetings, interviews, débats, une campagne présidentielle est avant tout un marathon médiatique, dans lequel chaque candidat a la lourde responsabilité de présenter son projet, et de convaincre chaque citoyen.