Lundi 22 octobre, Paul Biya a de nouveau été élu à la tête du Cameroun avec une écrasante majorité selon les chiffres officiels, 71,28% des suffrages.
Après six mandats, le président sortant, chef du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), reprend le pouvoir pour un septième mandat. À 85 ans, Paul Biya a passé près de 36 ans à la tête du gouvernement Camerounais et va encore y rester pour sept ans supplémentaires.

De nombreux recours

L’élection avait lieu dimanche 7 octobre, alors que l’annonce des résultats officiels n’a eu lieu que quinze jours plus tard.
En fait, ces deux semaines permettent au Conseil Constitutionnel camerounais d’étudier les recours postélectoraux. Passé ce délai, les résultats ne peuvent plus être contestés. C’est ainsi, que Maurice Kamto, principale figure de l’opposition, et d’autres candidats tels que Joshua Osih ou Cabral Libii ont pu déposer des recours. Maurice Kamto avait demandé une annulation partielle des résultats dans certaines régions du Cameroun, révélant de nombreuses fraudes. Les deux autres candidats espéraient, quant à eux, une annulation totale du scrutin. Néanmoins, aucun n’a été accordé par le Conseil Constitutionnel.


Maurice Kamto, principal opposant de Paul Biya (Crédit photo : Pius Utomi Ekpei/AFP)

Des résultats dénoncés par l’opposition

Arrivé deuxième avec 14,23% des voix, Maurice Kamto revendique la victoire brandissant des résultats bien différents, avec 39,74% des suffrages en sa faveur contre 38,47% pour le président sortant. En effet, M. Kamto et les autres candidats dénoncent des « fraudes massives » et de nombreuses irrégularités. Ils refusent ainsi de reconnaître la légitimité  de Paul Biya.
Par ailleurs, les élections ont été marquées par un fort taux d’abstention dans certaines régions, notamment dans les deux régions anglophones, le Nord-Ouest et Sud-Ouest, qui réclament leur indépendance depuis près d’un an.

Un climat tendu

Lundi matin, des camions anti-émeutes, des militaires et dizaines de policiers ont été déployé à Yaoundé, dans la capitale. En effet, de nombreuses personnes avaient appelé sur les réseaux sociaux à manifester contre les résultats.
La veille, une manifestation avait déjà été empêchée et interdite à Douala. C’est un député de l’opposition, Jean-Michel Nintcheu, qui avait appelé à « dénoncer les fraudes massives et honteuses ». L’interdiction n’a cependant pas empêché certains civils de manifester, mais une trentaine d’entre eux s’est faite arrêtée. Peu après, une source administrative a déclaré que « les personnes qui ont voulu braver [l’interdiction de la marche] ont été interpellées et répondront de leurs actes devant la justice ».